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Le mulot de la discorde
Bien le bonjour à vous qui vous promenez innocemment sur la toile,
Bon, que les choses soient claires, on trouve de tout sur Internet, cette page en est la preuve. Tenez prenez vous par exemple, oui vous là, vous qui êtes devant votre écran qui vous amusez avec les petites étoiles qui sortent de la souris (pour votre information ça ce voit mieux sur le fond rose) et qui êtes en train lire ce que je suis en ce moment même en train d’écrire tranquillement installée dans mon canapé devant Un dîner presque parfait en compagnie d’un Nesquick, je ne sais pas comment vous en êtes arrivé là mais, soyons honnêtes, vous êtes quand même en train de lire n’importe quoi. Je vous en remercie mais il n’empêche que vous êtes en train de lire n’importe quoi. Ne vous inquiétez pas, vous n’êtes pas seul(e), ça m’arrive aussi, j’ai lu un nombre incalculable de pages plus ou moins sensées…
Sachez cependant que je ne fais pas QUE lire des trucs inutiles et regarder des vidéos des exploits de chiens particulièrement intelligents sur youtube, non, il m’arrive aussi de surfer utile. Par exemple, dimanche soir, toujours patatée dans mon canapé mais cette fois avec un verre de jus d’abricot, j’ai fait mes courses hebdomadaires que je suis allée chercher ce soir après le travail au Super U de ma petite ville. Pratique, utile, j’étais je dois l’avouer assez fière de moi et pensais que tout mon petit monde applaudirait à l’unisson devant une telle révolution ! Quelle terrible erreur de jugement…. j’avais tout faux !!
Figurez-vous que si un certain nombre de mes contemporains évoluant dans mon champ de vision ont approuvé mon action, un autre nombre tout aussi certain a été outré par ce qui leur paraissait être une ignoble abomination ! A mon grand étonnement, les courses en ligne ont déchaîné les passions. J’ai entendu diverses phrases du genre « c’est un truc de faignant associal », « si tu continues comme ça tu va finir enfermée dans ton 33 mètre carré », « c’est n’importe quoi », « si encore t’avais des enfants je comprendrais mais là… », « et les emplois des caissières alors ? », « comment on faisait à notre époque ? » etc…..
Assaillie de toutes parts, pour couper court à ces viles attaques envers ma pôvre petite et innocente personne devenue aux yeux de certains un monstre emblème de la consommation moderne, je ne vois d’autre solution que de faire appel à un avocat de la Bou Corp pour plaider ma cause. Le temps de manger un Smacks trésor chocolat-noisette et je vous présente un plaidoyer des plus objectifs pour la défense des courses hebdomadaires de Mlle Bou rédigé, je tiens à le préciser, par un des ténors du barreau reconnu dans la profession qui préfère garder l’anonymat pour d’obscures raisons.
Je défends !
Mesdames et Messieurs les lecteurs, permettez-moi de prendre quelques minutes de votre temps afin de répondre aux accusations terribles qui ont été portées à l’encontre de ma cliente, cliente que je défends bénévolement sans aucune pression de la Bou Corp qui n’a pas de dossier compromettant me concernant en sa possession.
Ces dernières 24 heures, Mlle Bou, jeune femme qui a eu 25 ans un 3 janvier, bonne poire de profession, a été victime d’attaques incessantes de personnes d’horizons diverses. Quel a été son crime me demandez vous? Elle a fait ses courses, elle a simplement fait ses courses. Alors oui, Mlle Bou est une jeune femme de son époque, et oui, elle a utilisé les moyens de son époque, elle a donc passé commande sur… Internet. Est-ce si terrible ?
Comme vous j’ai entendu et écouté avec attention les arguments de l’accusation, il me faut maintenant y répondre. « Un truc de faignant associal ». Certes. Raccourci rapide mais adéquat si l’on ne réfléchit pas sérieusement à la question. Cette remarque érige comme un fait avéré que les gens qui font leurs courses ne sont pas des faignants et sont d’une sociabilité à toute épreuve. Non mais franchement, à qui veut-on faire croire ça ? Voyez-vous je fais mes courses et quand je fais mes courses je ne parle pas avec les autres gens pressés qui font leurs courses, au contraire, je serais plus du genre à m’énerver contre les personnes qui bloquent les allées avec leurs caddies, les enfants qui braillent à tout va pour un Kinder Surprise ou les clients qui passent des heures à chercher leurs bons de réduction périmés en caisse. Alors oui, quand je fais mes courses je trottine et je cours dans les rayons, mais la fatigue qui en ressort est plus nerveuse que physique (surtout quand j’arrive à la caisse et m’aperçois que mon jus de raison a fuit dans mon sac de courses). Mlle Bou elle, qui a fait ses courses le dimanche soir dans son canapé, a eu tout le temps de faire du sport sur sa Wii lundi soir…. Et puis Mlle Bou a des activités extérieures, ce n’est pas comme si le super marché était sa seule chance de rencontrer des gens. Oui, Mlle Bou DISCUTE avec des gens en VRAI en dehors de son travail et de son ordinateur. Incroyable.
En outre, figurez-vous que Mlle Bou a eu une vie avant d’officier dans le Monde des Bisounours, quand elle était étudiante Mlle Bou était… caissière… Il va donc sans dire que les conditions de travail des caissières est un domaine qui tient beaucoup à cœur à ma cliente et que pour rien au monde elle ne ferait quoique ce soit en leur défaveur. Par conséquent, Mlle Bou ne paie pas en ligne mais paie à la livraison quand elle va chercher ses courses au magasin. Courses qui, je vous le rappelle, ont été préparées par un employé du supermarché (une caissière peut être ?) pour un supplément de 4 Euros (qui reviendront en partie à la caissière ?).
Enfin, permettez-moi d’attirer votre attention sur une vérité insoupçonnée. Le supermarché est un monde impitoyable. Soyons un peu terre à terre, les courses sur Internet évitent quelques inconvénients notoires. Regardez-ma cliente : 1 mètre 12 les bras levés, 40 kg toute mouillée. Combien de fois s’est elle retrouvée à vouloir le produit tout en haut, celui là même qu’elle ne peut jamais atteindre même en étant sur la pointe de ses chaussures pointure 34? En faisant ses courses sur Internet, ma cliente peut choisir les produits qu’elle désire sans aucune frustration. De même, elle ne parcourt pas les rayons cachée derrière un chariot à la roue voilée trop encombrant pour elle. Et puis, soyons directs, Mlle Bou n’est pas des plus organisée lorsqu’elle fait ses courses, sans liste, elle prend tout et n’importe quoi en oubliant toujours l’essentiel. En faisant ses achats sur Internet, elle n’a qu’à se lever et pour voir s’il y a besoin de shampooing ou de boîte de quenelle. Pas d’achat superflu, pas de stress à cause des clients qui passent des heures devant le produit que vous voulez, pas de chanson qui passe en boucle et qui va vous rester dans la tête toute la soirée, pas de bocal de sauce tomate explosé sur le sol et j’en passe.
Voilà, que dire de plus ? Ma cliente n’a tué personne, du moins officiellement, et de toute façon ce n’est pas de cela qu’on l’accuse. Mlle Bou n’a causé de tort à personne, ni aux caissières ni aux clients –surtout pas aux clients qu’elle ne voit pas donc qu’elle ne maudit pas. De fait, je demande un non lieu et ayant ainsi accompli mon devoir prie la Bou Corp de détruire tout document me concernant.
En vous remerciant de votre attention, je vous souhaite une bonne journée/soirée.
Un avocat renommé et désormais libre
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