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Le monde de Mlle Bou
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30 août 2009

Le retour (entre autres) de la considération linguistique : andouille et citron pressé

Bonjour, un bonjour qui fleur bon le citron pressé,

                Oui, mon citron est tout pressé. Cette semaine comme il y a quelques temps avec la ô combien passionnante réflexion sur la différence entre une purge et un lavement, je me suis posée quelques questions d’ordre linguistique.

                Un midi, alors que j’étais dans la cuisine équipée de tout sauf d’un four et d’une paire de ciseaux du monde des Bisounours, je me suis mise à penser (oui oui) à quelque chose qui n’avait rien à voir avec la nourriture et pourtant, malgré ça, toutes les expressions qui me sont venues à l’esprit avaient un rapport de près ou de loin avec la cuisine. Une nouvelle case jusque là inconnue s’est alors illuminée dans mon cerveau et je me suis demandée si notre manière de parler ne différait pas simplement de notre éducation/passé/langue mais ne variait pas en plus en fonction de l’endroit où l’on se trouvait. Je vous l’accorde, dit comme ça c’est pas très compréhensible. Voici donc deux exemples précis pour éclaircir ce jus de boudin :

                Exemple précis n°1 pris totalement au hasard de mon imagination fertile ; toute similitude, aussi minime soit-elle, avec la réalité ne serait qu’une coïncidence fortuite et malheureuse totalement indépendante de ma bonne volonté :     

       Imaginez-vous avoir un collègue que vous ne supportez pas, mais vraiment pas (du genre à finir par vous faire comprendre le pourquoi des actes des tueurs en série les plus sadiques). Un jour béni, ce collègue annonce avoir trouvé du travail ailleurs et là hourra ! Vous vous croyez alors définitivement débarrassé(e) ! Oui mais patatras, au dernier moment le travail ailleurs lui a été refusé et le voilà de retour, telle la mouche sur le potage. Pour corser la chose, vous pressentez que ledit collègue va travailler avec vous (à cause de circonstances particulières sur lesquelles je ne reviendrai pas, lorsque l’ont vous dit « travailler avec lui », comprenez « faire son travail à sa place »). Bref, vous êtes ravi(e).

®En temps normal, dans une pièce sans rien de particulier, vous vous seriez dit :

Diantre, je vais devoir passer du temps avec cette horrible personne. Comment vais-je bien pouvoir tenir ?

®Si vous vous trouvez attablé(e) devant un appétissant riz cantonais et un verre d’eau du robinet particulièrement riche en calcaire mais néanmoins potable, vous vous dîtes (vous je sais pas mais moi je me dis) sûrement :

Purée, je vais encore me farcir l’autre andouille. Peux pas le voir en salade, c’est la fin des haricots.

                ®Si vous repensez à la situation le week end alors que vous êtes en train de visiter un zoo avec vos petites cousines, il y a de fortes chances que vous voyiez la chose comme suit :

Vais encore devoir supporter l’autre poulpe, et c’est pas avec son araignée au plafond qu’il va casser trois pattes à un canard. Y va me faire devenir chèvre, ça me file un de ces bourdons….

®Si le soir venu vous songiez à la situation alors que vous êtes devant premier épisode de la soirée du charmant Dr House lors duquel il fait la liste de toutes les parties de l’anatomie de son patient il est fort possible que vous vous disiez :

Oh non vais devoir m’occuper de l’autre bras cassé qui se mouche pas du coude. Je sens la moutarde me monter au nez, j’en ai déjà plein le dos (« le dos » et sa variante faisant référence à une partie légèrement plus basse)…

                Exemple précis n°2, tout aussi sorti de la même imagination débordante qui n’a décidément aucune limite :                

Un jour d’août, alors qu’une collègue vous propose de vous passer des photos compromettantes de votre courageuse sortie équestre de la veille, vous vous apercevez avec horreur que vous n’avez pas de clef USB pour les recevoir. Vous décidez donc de profiter de votre pause déjeuner pour aller en acheter une au supermarché du coin. Il va sans dire que vous êtes pour le moins pressée. Alors que vous êtes à la caisse et que c’est à votre tour, une dame à l’âge canonique arrive, vous pousse avec l’énergie de la vieillesse, tend un paquet de cartes de vœux de Noël et commence à ennuyer la vaillante caissière en se plaignant desdites cartes qu’elle trouve outrageusement laides. Le monologue de la cliente qui, si je puis me permettre, s’y prend peut-être un tantinet trop tôt pour ses cartes de vœux, va durer une bonne dizaine de minutes. Là encore, vous êtes aux anges.

®En temps normal, dans une pièce totalement neutre, en y repensant vous vous dîtes :

Fichtre, que cette dame d’un certain âge m’a fait perdre du temps ! J’ai bien cru que toute mon heure de pause allait y passer !

®Si vous vous trouvez attablé(e) devant un appétissant sandwich au thon et un verre d’eau du robinet particulièrement riche en calcaire mais néanmoins potable parce qu’à cause de cette dame vous n’avez pas le temps de manger autre chose, vous vous dîtes  sûrement :

Qu’est ce qu’elle a pu me courir sur le haricot la sucreuse de fraises ! J’ai bien cru que les carottes de mon heure de pause allaient être totalement cuites !

                ®Si vous repensez à la situation le week end alors que vous êtes en train de visiter un zoo avec vos petites cousines et que l’histoire du retour de votre collègue vous est sortie de l’esprit, il y a de fortes chances que vous voyiez la chose comme suit :

Nom d’un chien la vieille poule qu’est ce qu’elle a pu me gonfler à crier comme un putois! J’ai bien cru que je ne verrais mon sandwich que quand les poules auront des dents !

®Si le soir venu vous songiez à la situation alors que vous êtes devant le deuxième épisode de la soirée du toujours charmant Dr House, épisode lors duquel il refait la liste de toutes les parties de l’anatomie de son tout nouveau patient, il est fort possible que vous vous disiez :

Bah là vous ne vous dîtes rien parce que le deuxième épisode de la soirée du Dr House il est tellement passionnant qu’il arrive à vous en faire oublier les vieilles poules sucreuses de fraise. Gloire à Hugh Laurie.

                Bon, revenons à nos moutons : est-ce que vous voyez mieux où je veux en venir maintenant? Voyez-vous je pense que je tiens là une découverte linguistique des plus importantes, je vais devoir en faire part à l’Académie Française, on verra bien ce qu’ils en diront.

                Sur ce je vous laisse à vos réflexions pour retourner aux miennes.

Mlle Bou, chercheuse experte en linguistique.

               

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