Hospice et vieilles dentelles

Bonjour,

                Après une période d’une quinzaine de jours lors de laquelle j’ai honteusement un peu laissé de côté la mise à jour de ces pages, me voilà de retour. Point de grand changement en quinze jours, toujours membre salariée du monde des Bisounours, toujours décidée à enfin dépasser le mètre douze et les 40kg. Aucune idée transcendante n’a vu le jour dans mon cerveau, et, à part la redécouverte de la calzone suite à un léger problème de pizza congelée trop grande pour mon four qui a nécessité le pliage de ladite pizza, aucune avancée qui pourrait changer la face du monde ne m’a traversé l’esprit.

                Ce soir je suis chez moi tranquillement installée dans mon canapé. En face de moi la télé avec les Enfants de la Télé dedans, d’un côté une fenêtre ouverte laissant entendre un somptueux concert de musique traditionnelle à une fête de la musique dans une petite ville (reprise d’une vieille chanson française option voix de crécelle sur fond d’accordéon suivie de chants du public après ingurgitation d’alcool) et de l’autre côté une fenêtre ouverte dans le seul but d’évacuer les effluves du produit qui est en train de tenter de déboucher ma douche.  Malgré l’ouverture béante de la seconde fenêtre, ma salle de bains embaume une douce odeur de cabinet vétérinaire et le bac de ma douche est toujours rempli d’eau. A la différence d’avant la mise en place de l’opération débouchage, l’eau n’est plus transparente mais verdâtre-violette, il y a du progrès, enfin j’espère. C’est sûrement bon signe, on ne peut décemment pas être moche et malodorant sans être productif, la vie ne peut pas être mal faîte à ce point là. Mmmmm….

                Hier soir, alors que le bac de ma douche était encore présentable, j’ai découvert avec une émotion certaine un monde qui m’était jusque là étranger. J’ai été conviée à une « soirée sacs » par une de mes collègues. Entendons nous bien, cette « soirée sacs » était une vraie « soirée sacs » avec présentation de créations, elle n’avait rien à voir avec la soirée « objets en plastiques » évoquée plus tôt qui n’avait elle-même rien à voir avec les tupperwares. Les seuls points communs entre les deux étaient les suivants : j’y étais et Miss Puits de Science aussi. L’objet de la soirée était différent et le public aussi (plus vieux, plus accompagné et plus dans le style père et mère de famille). Bref, ça n’avait rien à voir.

                Comme lors de la dernière soirée consommation de groupe, je n’étais pas en charge du transport, je n’ai donc pas eu la joie d’emmener Miss Puits de Science dans ma Twingo adorée rescapée de l’attaque violente et inopinée de la Kangoo immatriculée 76 envers qui j’entretiens toujours une antipathie certaine. Non, personne n’est entré dans ma Titine jaune propre à l’extérieur et un tantinet bordélique à l’intérieur, vitres non électriques, climatisation existante quand on ouvre les fenêtres en roulant et fermeture non automatique des portes. Dommage…. A la place, Miss Puits de Science est venue accompagnée de son cher et tendre le tout dans une voiture digne de la Batmobile. Noire, presque aussi confortable que mon canapé, vitre teintées, ordinateur de bord, vitesses sur le volant me semble-t-il, toit ouvrant sur une vitre etc… Pendant tout le trajet, j’étais scotchée, tel un bolduc sur un cadeau de Noël, sur l’écran de l’ordinateur. Températures extérieure et intérieur, radios, GPS, explication de ce qu’il y a devant et derrière la voiture quand on se gare, tout, à l’exception peut-être de la recette des cookies au nougat, y était. Profusion de technologie, voiture rutilante, tout semblait bien parti pour que nous arrivions à destination sans encombres et pourtant…

                Exploit inter-dimensionnel, malgré un itinéraire imprimé depuis le site des pages jaunes, un GPS, et 3 cerveaux nous avons trouvé le moyen de nous perdre. Oui, aussi incroyable cela puisse paraître, on peut être dans la Batmobile et être perdu. Je ne vous cache pas que ça m’a fait chaud au cœur de savoir que 1- je ne suis pas la seule à avoir le sens de l’orientation d’un nain de jardin congelé et que 2- Batmobile suréquipée ou docile Twingo, même combat, quand on est pas doué rien n’y fait. Seule solution pour nous sortir de là: appeler au secours. Après être passé pour des andouilles auprès de la personne qui organisait la réunion, nous avons enfin atteint notre but et avons commencé la « soirée sacs ».

                Comme je l’ai indiqué précédemment, le public était assez. … comment dire….. adulte responsable. Nous étions 3 à ne pas avoir d’enfants, les mêmes 3 à avoir moins de 35 ans et j’étais la seule célibataire… Tous étaient fort sympathiques et discutaient de leurs enfants, de l’école de leurs enfants et des copains de leurs enfants. Pendant ce temps là, j’en ai profité pour découvrir avec délectation que les concombres, la crème et le saumon allaient très bien ensemble. Quant aux sacs, il y avait de tout. J’ai laissé de côté le sac blanc à fleurs bleues qui siérait à ravir à toute personne au-delà de 70 ans et j’ai opté pour un modèle rose un peu flashy qui ira très bien avec mon manteau noir cet hiver. Figurez-vous que ce modèle rose flashy n’a plus qu’à moi, étrange, non ? Non, en fait quand j’y pense ça n’est pas si étrange, suis même pas sûre d’oser le porter un jour, mais je pourrais dire que j’ai un sac flashy et ça c’est quelque chose…. Vers 22h, la soirée était terminée (horaire familiale oblige) et me revoilà à l’arrière de la Batmobile direction chez Moi.

                Sur le chemin du retour, M. Puits de Science, croyant reconnaître un copain dans l’embrasure d’une fenêtre, stoppa l’incroyable bolide devant un petit hôtel-restaurant. En entrant dans la salle principale, je me suis retrouvée dans un endroit un peu sombre, nez à nez avec un Monsieur (la majuscule indiquant subtilement l’âge avancé de la personne) assis sur une banquette tel le Parrain, un chat sur les genoux et des bagues aux doigts. A la table à côté de lui se trouvait un parterre de personnes aux âges et aux nationalités diverses, venues travailler dans une usine du coin. A peine les présentations terminées, et peut être parce que le Parrain m’a tout de suite collé ses mains sur mes épaules en me parlant d’une éventuelle visite particulière de son hôtel, je me suis rendue compte que les conversations ayant court dans cet endroit allaient être à mille lieues des conversations sur les écoliers entendues jusqu’à présent.

                La seconde partie de la soirée s’avéra en effet être une sorte de négatif de la première partie. Tel Double Face, M. Puits de Science conducteur en chef de la Batmobile se mit à sembler plus détendu qu’avec les aficionadas des sacs et rit de bon cœur avec le Parrain. Le vocabulaire jusqu’à présent calme et serein devint d’un coup aussi fleuri que le sac blanc et si la conversation avait parfois attrait aux enfants il n’était plus question de « passage en 5^ème » mais de « connard de mari de ma fille », ce qui somme toute me parla beaucoup mieux.

                Après cette petite pause culturelle et gastronomique (salade pour M. et Mme, glace officiellement pour M. mais, soyons honnêtes, après goûtage en règle aussi pour Mme), nous quittâmes ce lieu de rencontre et les conversations de haut vol pour rentrer dans nos pénates.

                Je ne sais pas autour de quoi tournera la prochaine soirée consommation, la seule chose d’à peu près sûre c’est qu’il y a de fortes chances pour que j’y soir et c’est déjà pas mal. Pour l’heure je vous laisse et vais prendre des nouvelles de ma douche,

                                                                                                                                                                 Mlle Bou

Comments

[batman]

Bonjour Capucine,promis,je te mets de coté mes vieilles revues sur les automobiles,en plus,cela ne me coutera pas plus cher que ton repas chez "le vieil homme et le chat"; tu as confondu la papamobile et la batmobile!....bon,c'est vrai,méme debout ,tu ne voyais pas la route,tu bénéficies de circonstances attenuantes !