Bonjour,

En ce lundi soir, me voilà devant ma télé comme beaucoup d'entre vous, en train d'attendre avec impatience le début de cette formidable émission télévisée qu'est « L'Amour est dans le pré ». Les tomates farcies (surgelées évidemment) sont dans le four, le jus de fruit dans mon verre et mon derrière entre deux coussins, bref, je suis parée à assister à ce spectacle sans égal dans les meilleures conditions.

Aurons-nous notre lot hebdomadaire de phrases cultes ? Je l'espère bien, bien qu'il paraisse difficile d'égaler les inoubliables « c'est quoi tes zobbies ? », « je suis vendeuse dans la vente » ou encore « je t'ai choisi parce que dans ton annonce tu expliquais que tu aimais les camping cars ». Je ne remercierais jamais assez M6 pour ces moments inoubliables.

Ce soir donc je passerai la soirée tranquillement installée devant des moments émotionnellement forts et des phrases hautement philosophiques et demain je retournerai, des images plein la tête, travailler dans le monde des Bisounours pour vivre des moments presque aussi forts....

Car non, les phrases sans queue ni tête et les réflexions à la logique différente ne sont pas l'apanage des émissions télé. Lorsque l'on travaille à l'accueil d'une entreprise et que l'on s'occupe du standard, on vit des moments formidables et on se rend compte que, quand même, notre belle planète est remplie de siphonnés du cerveau. Vous ne me croyez pas ? Vous osez mettre ma parole en doute ???? A ceux qui se hasarderaient à défier mon opinion objective concernant certains représentants de la race humaine au raisonnement réduit, je dédie les quelques lignes qui vont suivre....

Chacun des trois exemples (pris au hasard de ma mémoire) de la liste (non exhaustive) suivante est véridique. Je le précise parce qu'on pourrait penser que j'affabule dans le seul et unique but de prouver mon opinion. Je n'insinue pas qu'il ne m'arrive jamais d'être de mauvaise foi, mais cette fois ci je n'ai même pas besoin de ça... la nature est bien faîte parfois....

Exemple 1 : la terrifiante histoire du pot de yaourt égaré

Situation initiale : ~~aquarium~~ bureau de l'accueil du Monde des Bisounours, en face du bassin à ~~monstres gluants~~ carpes Koï chamarrées, un téléphone posé nonchalamment d'un côté de mon bureau, un paquet de Dinosaurus me faisant les yeux doux de l'autre côté et un tas de factures à trier devant moi. Dring (je n'ai pas trouvé mieux, mes excuses pour ce manque d'originalité), agression subite du téléphone sur ma pauvre personne, début de la fin de ma santé mentale déjà vacillante.

Retranscription de l'appel maudit n°1, afin d'éviter tout procès de moi contre moi-même, les noms (le mien, c'est le seul utilisé), ont été changés:

«-Moi (phrase qui n'en est pas une puisqu'elle n'a pas de verbe mais néanmoins dite avec la maîtrise de l'expérience) : Monde des Bisounours Mlle Bou bonjour ! (point d'exclamation car vitalité et énergie, oui oui).

-Voix caverneuse d'un ancêtre de type femelle non identifié : Oui euh bon ben vous pouvez me dire où qu'elle est la prochaine station service ?

-Moi, un brin perplexe mais gardant le ton jovial de la professionnelle téléphonique que je suis : Pardon ? Vous êtes en train d'appeler le Monde des Bisounours, les renseignements c'est un autre numéro, désolée. (et oui, je m'excuse de ne pas être les renseignements, c'est que je suis bien élevée quand même).

-Voix à l'âge limite de manger les pissenlits par la racine version énervée et sûre d'elle : Ben ch'sais pas moi, j'ai pris mon téléphone et pis j'ai fait un numéro. Alors où elle est la prochaine station essence ?

-Moi, ne lui raccrochant pas au nez je ne sais toujours pas pourquoi: Madame, je vous répète que je ne suis pas le service de renseignement, veuillez composer un autre numéro.

-Vieille peau qui se croit tout permis et qui va sûrement faire ses courses le samedi alors qu'elle a toute la semaine pour les faire : Bon, alors écoutez, là avec mon mari on est au milieu du rond point et on a presque plus d'essence, je lui ai dit de s'arrêter parce qu'on va pas tourner en rond. Où est la prochaine station essence ??????

-Moi, terrifiée par l'image subite d'une voiture sans permis arrêtée en plein milieu d'un rond point causant accident sur accident, ayant sûrement trop regardé les reportages de la 6 sur la sécurité routière : Je ne sais pas... Voyez-vous un panneau avec une station service ou un supermarché quelque part ?

-Partie féminine du couple de fous du volant : ben non, y a pas de panneau.

-Moi, décidant alors de prendre une décision pour éviter les morts, m'appuyant sur une voix assurée pour faire croire que je sais parfaitement ce que le dis : Allez tout droit, vous finirez par trouver une station au bout. (au bout de quoi ??? Tout droit où ??? Sais même pas où ils sont !!! Sais même pas faire la différence entre la droite et la gauche !! AAAHHHHHHHH !!!!!!!)

-Vieille sauvée qui raccrochera après ces 4 mots: C'est tout droit, démarre.

Voilà, bel exemple de stratification des neurones, non ? NON ?? Comment ça non ? Vous n'êtes pas convaincus ? ?? Vous vous dîtes que ce sont des personnes âgées qui ne savent pas se servir d'un téléphone et que je devrais avoir honte d'utiliser cet exemple dans mon argumentaire pro monde des siphons ? Mmmmmmmmm.... Je vois, vous avez besoin d'un second exemple, cette fois avec des plus jeunes.... Soit. Aussitôt dit aussitôt fait : exemple n°2.

Exemple 2 : la monstrueuse folle à la moutarde

Situation initiale : moi dans le stock en train de jurer comme un charretier en emballant un colis trop lourd tout ça pour faire le bonheur d'un client qui a commandé un ~~immonde~~ adorable coffre à jouet sur Internet. Suis passablement énervée et n'est pas particulièrement ravie lorsque le funeste DRING s'est fait entendre.....

Retranscription de l'appel maudit n°2 :

« -Moi, tentant aussi bien que possible de répondre poliment, ça n'est quand même pas de la faute de mon interlocuteur si je me scotche moi-même autant que le colis : Monde des Bisounours Mlle Bou bonjour. (point, un simple point, poli mais limite revêche quand même)

-Voix féminine encore plus énervée que moi :Oui bonjour, je cherche un déguisement de Oui Oui pour mon fils de 5 ans (point, encore plus sec que le mien).

-Moi, la scotcheuse à la main, gardant mon calme mais sentant la moutarde commencer à me titiller l'appendice nasal : Désolée (encore et toujours, c'était ça « ou foutez moi la paix on fait pas dans le déguisement, fous lui un rideau jaune autour du cou à ton mioche et pis c'est bon ») mais nous faisons des peluches, pas des déguisements.

-Femme hautaine à la voix perchée : Non mais alors là attendez j'ai devant moi une peluche Oui Oui et je vois le nom de votre société sur l'étiquette n'allez pas me dire que vous ne faîtes pas de Oui Oui, je le sais quand même !!

-Moi, la moutarde passant doucement mais sûrement de mon naseau à mon cerveau : Nous faisons du Oui Oui en peluche, pas en déguisement.

-Morue persuadée qu'elle est la reine du monde et que tout lui est dû : Peluche – déguisement, c'est pareil ! Je sais ce que vous faîtes comme produit !!!! J'ai besoin d'un déguisement pour mon fils cet après midi ! Vous avez une boutique dans le XVIème ?

-Moi, les yeux exorbités mais tentant néanmoins de garder une voix humaine : NON, nous n'avons pas de boutique dans le XVIème, nous n'avons pas de boutique du tout d'ailleurs.

-Pétasse à la progéniture trop gâtée : c'est inadmissible, si vous ne voulez pas de clients tant pis pour vous j'irai voir ailleurs ! Et elle raccroche.....

Ahh les joyeuses clients qui pensent mieux connaître la société dans laquelle vous travaillez que vous, ils sont pas merveilleux ceux-là ? En lisant ça, ne commencez-vous pas à souscrire à la thèse du monde composé d'allumés de la tête ? Non ??? J'entends les plus machos d'entre vous dire que c'est une femme et que les hommes sont plus sains d'esprit. Mmmmmm.... Réactivité, efficacité -)3^ème exemple, un homme, pas vieux et pas efféminé. Voilà.

Exemple 3 : oh mon Dieu mais où est-ce que je suis ???????????

Situation initiale : moi, sortant de ma pause déjeuner, toute guillerette, mon sac avec mes couverts à

la main. Je

me dirige le pas léger vers l'accueil quand je vois un homme, ni vieux ni jeune, en costume, l'air normal voire sérieux. RAS, en apparence du moins.

Retranscription raccourcie de la rencontre avec LE cas:

« -Moi, joyeuse et souriante : Bonjour ! Vous avez rendez-vous ?

-Monsieur souriant à l'apparence normale : Bonjour, je cherche Françoise, je dois lui parler de son fils Marc, qui travaille à Air France.

-Moi, en connaissant un rayon sur les employées : Je suis désolée (ça change), nous avons bien une Françoise mais son fils de s'appelle pas Marc, vous avez dû faire erreur.

-Monsieur, dubitatif : On m'a dit qu'elle travaillait dans cette ville, elle a un fils, Marc, qui travaille à Air France.

-Moi, le sourire commençant à se figer : Vous savez il y a d'autres entreprises dans cette ville. Vous connaissez son nom de famille ?

-Monsieur, toujours le même air normal : Non, je n'ai pas de nom de famille. Mais son fils Marc il travaille à Air France, il est steward mais il a des problèmes de vue.

-Moi, ne comprenant pas le lien entre steward et problème de vue et essayant de me débarrasser du M.: Vous devriez aller demander à la mairie, ils pourront peut être vous aider.

-Monsieur, ne comprenant malheureusement pas mon essai désespéré de le faire partir : Parce que vous vous ne la connaissez pas Françoise ? Et son fils non plus, vous savez Marc ?

-Moi, commettant une erreur fatale : Oui, celui qui travaille à Air France.... (mais pourquoi ai-je dis ça ??? pourquoi est ce que je ne réfléchi jamais avant de parler ????)

-Monsieur, ravi : ah ben vous voyez que vous la connaissez ! Elle est ici ?

-Moi, tentant le tout pour le tout : non, elle est à la mairie, allez donc demander !

-Monsieur au cerveau moins normal que son aspect extérieur : Merci, j'y vais !

-Moi soulagée et polie : Au revoir Monsieur (prend pas la peine de revenir surtout).

Alors ???? Si ça ça ne vous a pas convaincu que le monde est parfois composé d'étrangetés vivantes alors je ne sais plus quoi faire !!!! Enfin si là je sais quoi faire, je vais regarder les aventures amoureuses de nos agriculteurs préférés.

Bonne journée/soirée,

Mlle Bou

L'amour est dans le siphon

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