Chapitre II : étudiante salariée- je bosse donc je suis

La fac, c’est bien, mais ça ne rapporte pas beaucoup –du moins quand on est étudiante. Résultat : soit on gagne au loto (ce qui n’est pas encore mon cas), soit on découvre les joies des jobs d’étudiant.

Vous avez la carte ?

            Un des jobs les plus courants des étudiants est celui de caissière (d’hôtesse de caisse pour être politiquement correcte). Anna Sam a écrit un excellent blog là-dessus (voici l’adresse : http://caissierenofutur.over-blog.com/ ) et le livre tiré de son blog est tout aussi intéressant, tant pour les caissières que pour les clients.

            J’ai, et ce durant quelques mois, vécu les joies de la vie derrière la caisse d’un super marché. L’avantage, c’est que pour se faire embaucher ce n’est pas trop compliqué, il suffit d’envoyer un CV et de tomber au bon moment, quand une place se libère. Les horaires étant particulièrement biscornus (on peut avoir 5 heures de pause à la suite dans la même journée), d’un point de vue pratique c’est l’idéal pour une étudiante qui ne veut pas rater de cours (pour celles dont c’est le travail et qui ont une vie de famille à côté, cette flexibilité dans horaires est beaucoup plus gênante). C’est peut-être parce que les horaires, et le métier en lui-même aussi, sont difficiles qu’existe un lien assez étroit entre les caissières, un peu comme si nous faisions toutes partie de la même famille.

            Mon premier jour de caissière, je m’en souviendrais toute ma vie. Après une visite guidée rapide de tout le magasin, on m’a donné un badge avec mon prénom dessus et une veste bleue, moche et difforme. Du haut de mon mètre douze et mes quarante kilos, je ne m‘attendais certes pas à trouver un uniforme à ma taille, mais là, en plus d’être trois fois trop grande, cette veste d’un bleu terrible qui ne se contente pas d’être simplement moche  mais en plus vous donne un teint lugubre, je ne l’ai pas sentie dès le début. Pour couronner le tout, on a fini par m’annoncer que le règlement me forçait à avoir les cheveux complètement attachés. Comme il faut toujours voir le bon côté des choses, je me suis dit que ça ne pourrait pas être pire (j’avais tort, la semaine de Noël j’ai dû porter un vieux bonnet de Père Noël lumineux qui faisait de la musique).

            Arrive le moment où l’on vous explique le fonctionnement de la caisse et le comptage. En tant que débutante stressée, il m’aura bien fallu 3 ou 4 fois avant de réussir un comptage toute seule à la fin de la journée. Ca a l’air facile comme ça mais entre toute la monnaie, les tickets restaurants, les chèques et les réductions, fermer une caisse n’est pas aussi simple. D’autant plus que les caisses étaient d’un modèle assez ancien…..

            Pour continuer dans le côté technique, sachez que les caissières n’ont pas de place attitrée. Ainsi, on vous balade du milieu de ligne aux deux extrémités (en général un côté avec vue sur la sortie vous donnant ainsi l’envie d’aller dehors et l’autre dans le Grand Nord, plantée au milieu du rayon frais, auquel cas je vous conseille, si vous vous lancez dans le métier, de mettre plusieurs couches de pulls sous votre veste trop grande qui deviendra alors, comme par magie, presque à votre taille).

            S’il vous venait l’envie subite d’aller faire pipi, à moins que vous ne soyez un fan inconditionnel de l’odeur d’urine au point de vous faire dessus ou que, ayant oublié votre pull alors que vous êtes à la caisse orientée Grand Nord, c’est la seule manière que vous ayez trouvé de vous réchauffer, oubliez ! Et oui, vous n’avez pas le droit de quitter votre caisse !! Vous devrez attendre votre pause, 3 minutes par heure si mes souvenirs sont bons regroupées ensemble en une seule pause….

            Lorsque l’on est caissière, on est en contact avec plein de monde (du moins avec ceux qui vous considère comme un être humain à part entière, les autres n’ont qu’à aller se faire voir, je ne les considère moi non plus pas comme faisant partie du monde). J’ai fini par avoir mes habitués, des personnes charmantes avec qui je discutais toutes les semaines. Toutes les personnes n’ont néanmoins pas été charmantes. J’ai exercé à l’époque où l’on avait plus le droit de donner des sacs, j’ai donc eu droit à une série d’insultes, de récriminations, voire d’engueulade juste pour ça. J’espère que ces comportements ont cessés depuis.

            J’ai aussi eu droit aux disputes, à ma caisse, entre les couples, avec ou non option « Mademoiselle, veuillez dire à ma femme que j’ai raison ».  J’ai vu passer ceux qui essayaient de voler des articles ; les très jeunes qui essaient d’acheter de l’alcool, les mécontents qui font un scandale, persuadés que j’ai oublié de compter leur réduction de deux centimes sur leurs endives ; les personnes désespérées qui m’ont raconté leurs malheurs et se sont senties mieux après avoir parlé ; les clients mal à l’aise parce qu’ils ont acheté des articles très…. personnels….

            Alors oui, le métier de caissière est difficile, souvent monotone. Oui, on s’ennuie ferme souvent, on est mal fagoté, on a parfois des odeurs bizarres qui nous passent sous le nez (faîtes donc une journée complète, jusqu’à la fermeture les 24 et 31 décembre et vous verrez qu’à force de voir défiler des huîtres et des fruits de mer sur votre tapis vous serez à la limite d’allumer un cierge pour qu’on ne vous serve rien qui sorte de l’eau le soir) et oui, on se fait souvent traiter comme une moins que rien par certains clients. Malgré tout, nombre de clients (la majorité) sont charmants et les collègues adorable. Je suis donc fière d’avoir été caissière.

Comments

[max]

Envie de faire pipi.

Elles n'ont qu'à se retenir.

[Sandrine Parisot]

Moi ausi, j'ai eu l'occasion de gouter aux joies du job d'hotessse de caisse, pour gagner un peu d'argent afin de financer une partie de mes études.
Je ne suis pas prête d'oublier.
Un truc de ouf !!!
Les clients à peine humains, et effectivement aussi les envies irrépressibles de faire pipi, à cause du stress peut être.
Au début, je me suis fait pipi dessus 2 fois en une semaine.
Bon, alors, j'avoue, comme une bonne partie des caissières, je me suis garnie avec des protections Tena.
Cela m'a fait bizarre de mettre une couche. Mais bon c'était par précaution.
Et en cas d'urgence, je puis vous dire que c'est bien utile.