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Le monde de Mlle Bou
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14 mars 2009

Considération linguistique : purge ou lavement ?

Il est des expressions dont on ne comprend totalement le sens que lorsque l’on se retrouve, dans la vraie vie, face à face avec ce qu’elles signifient. On a pour habitude de mettre des mots les uns à la suite des autres, sans vraiment savoir pourquoi, et puis arrive LA situation et là, on a une illumination et on se dit que la langue française est quand même bien faîte, qu’elle reflète exactement l’ensemble de la réalité. Trois mots et tout est dit.

Oh je ne parle pas de grands principes comme  « la vie »,  « la mort » ou même « le bonheur » (de toute façon ils font 2 mots ceux-là), non, je vous parle de bonnes vieilles expressions bien terre-à-terre, qui n’ont à priori rien à voir avec la situation mais qui la reflètent cependant totalement. Ainsi, récemment, pour ne pas dire en ce moment même, j’ai compris tout ce que l’expression « être une purge » -et sa variante « être un lavement »- englobait.

« Etre une purge », ou pour être plus précise « être un purgatif », si l’on regarde dans le dictionnaire, signifierait « qui a la propriété de purger, de stimuler les évacuations intestinales ». En d’autres termes, « il est une purge/un purgatif » serait synonyme de « il me fait évacuer mes intestins » soit l’équivalent poli de « il me fait chier ». Quand on y pense, la langue française a une relation particulièrement forte avec les excréments (ex : le très usité « merde » -avec version savante « merdum », raffinée « crotte » voire « crotte de bique » pour les amoureux des animaux, « merdeux », « il m’emmerde »,  « quel merdier », « c’est merdique » etc…). Cette passion nationale pour  le dépôt intestinal est assez étrange, mais bon, aussi passionnante soit la question, ce n’est pas le sujet.

Voyez-vous  cet après-midi j’étais tranquillement chez moi à lézarder sur mon canapé comme la grande faignasse que je suis le week-end quand, tout à coup, un bruit immonde m’a sortie de ma torpeur. « Boum » « boum » « boum », l’horrible son de ralliement des copains du fils de mes voisins d’en face, tous fans de tuning, explosait comme ça, sans prévenir. Ceux qui ont déjà vécu ce calvaire (et ils sont nombreux) comprendront mon effroi. Cela fait maintenant une demi-heure que cette chose qu’ils considèrent comme de la musique nuit gravement à mes oreilles. Cette andouille mélomane, chers lecteurs, me fait (au sens figuré, j’entends) l’effet d’une purge. Pour mieux coller à la réalité de la chose, peut-être n’aurais-je pas dû écrire « andouille mélomane» mais « pruneau mélomane ». N’est-ce pas tellement plus poétique de dire « le Pruneau Mélomane situé à quelques mètres de mon habitation est un véritable purgatif » plutôt que « avec sa techno de merde, le couillon qui me sert de voisin d’en face me fait chier » ?

La « musique » venant de s’arrêter, je ne qualifierais mon Pruneau que de simple purgatif. Nous sommes samedi, il est 17h, après tout rien n’interdit de déranger le monde en écoutant n’importe quoi à fond la caisse un après-midi.

La situation serait différente si demain matin, disons vers 5h, M. Pruneau et ses copains décidaient d’organiser un grand concours dans leur jardin. Pourquoi imaginer le pire me direz-vous ? Mais dans un but totalement pédagogique, afin d’approfondir un peu plus la question. Un concours de tuning à 5h du mat à coup de « boys boys boys » et autre «Lady Gaga » n’a plus rien d’une simple purge, nous atteignons là un stade supérieur, le niveau 2 de la purge : le lavement.

Il y a bien évidemment plusieurs sens au terme lavement, je laisserais de côté l’explication biblique et me cantonnerais à l’  « injection d’un liquide dans le gros intestin, par l’anus, au moyen d’un appareil » (ce n’est pas moi qui le dit mais le Petit Robert édition 1990). Le lavement est donc pire que la purge. On peut se purger soi-même et ainsi atteindre la « pureté » mais le lavement c’est autre chose. Désagréable voire douloureux, terrible, le lavement est à celui qui le subit ce que la kryptonite est à Superman : un supplice. La différence entre « purge » et « lavement » est ténue mais fondamentale.

Pour illustrer ce propos, et afin d’être parfaitement claire, voici deux autres petits exemples :

1-    Situation problématique : Vous avez passé votre semaine à bosser comme une malade (et un peu aussi à sortir), vous n’avez pas eu le temps de faire vos courses. Résultat : samedi matin, à part un pot de confiture et autre de mayonnaise, votre frigo est vide. Solution envisagée: vous rendre au supermarché du coin. Evidemment, il y a une queue interminable  à la caisse et, comme par hasard, vos avez, pardonnez-moi l’expression, une petite vieille qui avait eu tout le temps de faire ses courses pendant les autres jours de la semaine juste avant vous. Il va sans dire qu’elle n’achète rien d’autre qu’une botte de radis en promotion et ne va pas à la caisse 10 articles.

--) Si la petite vieille passe deux heures à raconter sa vie ( « je suis malade mais mon médecin, un jeune, il est incompétent », « je me suis mouchée, c’était tout vert » « je suis allée à la selle trois fois ce matin » ) à la patiente caissière alors que 25 personnes attendent leur tour, c’est une purge.

--) Si la même chose se produit mais que, deux secondes après qu’elle soit partie, alors que c’est à votre tour et que vous pensiez voir le bout du tunnel, la petite vieille fait demi tour pour enguirlander la courageuse caissière parce qu’elle a oublié de lui enlever le centime de promo sur ses radis, là c’est un lavement.

2- Situation problématique : un jour, alors que tout allait bien, on vous impose un nouveau collègue de travail (que nous appellerons Le Motivé), ami de la famille du patron, qui ne s’avère pas franchement attiré par l’idée de faire le moindre effort. Résultat : vous « travaillez en commun » avec une personne qui vous considère comme sa bonne à tout faire et, quoique vous disiez, vous ne pouvez rien y changer . Solution envisagée: bah y en a pas, vous faîtes votre boulot (et le sien) c’est tout.

--) si Le Motivé fait un minimum de travail mais qu’il vous traite comme si vous ne saviez pas faire autre chose que lui apporter un verre d’eau, ou s’il ne fait rien mais est sympa avec vous, c’est une purge.

--) si Le Motivé vous considère comme une courge, met vos nerfs à rude épreuve, ne fait rien à part vous faire perdre votre temps, alors vous êtes face à un douloureux lavement.

            Il existe bien sûr quantité d’autres exemples, mais je vais m’arrêter là pour aujourd’hui. Je reprendrais peut-être mes réflexions linguistiques un autre jour, en attendant –et parce que je suis polie-, je vous souhaite une bonne journée/soirée.

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Commentaires
T
merci car je suis moi-même victime de vieux qui me font chier !! (des vielles purges et même des lavements !!!.<br /> mais je vois que pour le "tuning" tu connais quand même Lady Gaga (aurais-tu 1 CD caché ???)<br /> ces petits cons devaient avant sévir avec des mobs traffiquées, ptits merdeux (et oui encore du caca).<br /> j'atend la suite de vos histoires trépidentes Mlle Bou.<br /> Tournesol.
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